Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/131

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délité même est fidèle. La fausse cousine, bombardée de vers auxquels elle ne comprend rien et qui la charment, entourée de respects candides qu’elle ne s’explique pas, se laisse adorer, essayant d’aimer un peu en retour, avec la tranquille inconscience d’un être naïf qui accomplit agréablement et instinctivement sa fonction. Et, certes, la fonction est belle, utile socialement, n’en déplaise à nos moralistes pétrifiés ! de ces fiancées intérimaires, vestales sans devoirs entretenant au cœur des jeunes hommes, qu’elles sauvent parfois de la débauche, la douce religion d’amour, feu sacré dont vivent les races. Voyez, d’ailleurs, comme tout s’équilibre : après avoir aimé la cousine à travers la maîtresse, il arrive, une fois rentré au bercail, qu’on aime un petit peu la maîtresse à travers la cousine épousée. Cette dernière n’y perd rien. C’est ainsi, quoique dans des circonstances différentes, que l’Hélène du poète grec retrouva Ménélas plus épris que jamais, après vingt ans, parce que, pendant ces vingt ans, une ombre à son image, envoyée par les Dieux, avait, dans le lit royal, tenu sa place ».

Mon ami s’était tu. Il reprit au bout d’un instant, ne craignant pas d’égayer sa philosophie d’un sourire :

— « Un exemple à l’appui de ma thèse : Vous connaissiez tous le grand Boischenu et son