Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/130

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vif, des fleurs dans les mains, des fleurs au corsage, s’en revenaient au bras de leurs galants, lasses et ravies :

— « Tout ça, voyez-vous, c’est des cousines !… »

Et comme nos regards l’interrogeaient.

— « Oui ! des cousines… Seulement, elles ne s’en doutent pas. Comprenez-moi bien : tout jeune homme de vingt ans qui débarque à Paris, y débarque follement épris d’une cousine. C’est d’elle qu’il rêvait au collège, et plus tard sous l’allée des Tilleuls, dans ces promenades fiévreuses, exaspérées, se prolongeant passé minuit, par lesquelles les pauvres amoureux de province, timides et sans espoir, essaient de calmer les agitations de leur âme. C’est d’elle qu’il rêvera encore un mois durant, deux mois peut-être, sous les marronniers du Luxembourg. Puis, un beau jour, au bal, au café, il se sent pénétrer d’une émotion profonde. Mais la voilà, Elle, la cousine ! Les mêmes yeux, le même rire, avec quelque autre chose encore… Cette autre chose rassure sa timidité ; il ne s’agit plus de l’étoile d’or, inaccessible au fond du froid azur des honnêtetés provinciales, il s’agit d’un beau fruit lourd sur sa branche et tout prêt à choir dans la main. Il aime déjà la fausse cousine, il l’aime comme un perdu, sans toutefois cesser d’aimer l’autre, car, dans le brouillamini de ses sentiments, son infi-