Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/143

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ment ouverts, un froufrou de jupes qu’on tasse avant d’écouter, comme au prône, puis le silence s’établit.

Et Ferréol continua :

— « Elle s’appelait Némorine, un joli nom d’après lequel vous vous la figureriez mal, car elle n’avait rien de ce qui caractérise les nymphes des bois ou les bergères.

Parisienne, et Parisienne de Montmartre, la grand’ville possède autant de variétés de femme que la Bourgogne de crus ! vous la voyez d’ici, n’est-ce pas ? Petite, mais fine en sa taille au point de paraître presque grande ; assez frêle au premier aspect, mais se révélant, si l’on insiste, secrètement et délicieusement potelée ; des cheveux châtains drus et massés, de flamme sous le jour frisant, avec des reflets noir-bleu dans les ombres, ce qui la faisait brune ou blonde, selon la disposition d’esprit ou la couleur du temps ; un pied cambré de montagnarde ; la bouche un peu exagérée peut-être, mais rouge, humide, et pour un rien déguisant son manque d’aristocratie dans l’éblouissement du sourire et des yeux, oh ! ces yeux à la fois cruels et rêveurs, avivés de malice et voilés de mélancolie ! des yeux comme en ont les fillettes qui, plus seules, plus abandonnées, et vivant d’une vie plus sauvage en pleine civilisation que la chevrière parmi ses roches, ont passé leur enfance, roulées dans