Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/150

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Je l’ai enfermé chez moi, dans mon chiffonnier, sous triples clefs. Ce portrait m’appartient, en somme, et tu ne vas pas me contester le droit…

— En vérité, je voudrais comprendre…

— Tu voudrais comprendre, Anselme ! et moi, hélas j’ai trop compris. »

Avant ces deux mémorables journées, jamais le plus léger nuage, pas même les vagues flocons s’étirant, pareils à des fils de la Vierge, n’était passé sur le ciel insolemment bleu où, depuis dix ans de mariage, brillait, avec son même éclat argenté et doux, la lune de miel des Olleris.

Peintre à la mode d’autrefois, — il avait un très grand talent, presque du génie et pas le moindre petit hôtel, — Anselme Olleris aimait ici-bas surtout trois choses : l’art, la nature et le calme dans son travail. Il aimait aussi madame Olleris.

Il l’aimait même uniquement, sans jamais songer à en aimer d’autre, ayant du premier coup trouvé en elle les deux simples dons qui font la vraie femme, c’est-à-dire la beauté et la bonté. De sorte que si Cléopâtre en personne ou la reine de Saba, traînant sur le fin gravier du jardin un manteau lourd de pierreries, étaient venues par hasard la visiter en son ermitage, Anselme, sans quitter la palette, eût dit à madame Olleris : — « Mignonne, j’ai besoin d’être