Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/151

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tranquille, rends-moi donc le service de recevoir ces dames. »

Anselme, aux champs dès le matin, prenait un plaisir infini à collectionner des couchants et des aurores, des fuites d’horizon, des coins de bois, toutes sortes d’études embaumées d’une odeur de mousse humide et de bruyère en fleur, dont il ferait des tableaux superbes, plus tard, en y ajoutant un peu de sa rêverie. Madame Olleris l’attendait au retour, et, indistinctement, admirait. Leurs jours se succédaient, pareils. Ils étaient heureux sans y songer ; ce qui est la perfection du bonheur.

Jamais surtout madame Olleris n’avait été jalouse. Mais ceci décidément heurtait par trop les lois naturelles. La meilleure des femmes doit être jalouse au moins une fois en sa vie, et les choses ne pouvaient durer ainsi.

Le portrait fut l’occasion.

Il faut savoir que ce portrait fait par un peintre, ami d’Anselme, alors que Marthe était sa fiancée, ne ressemblait plus que vaguement à l’appétissante et plantureuse personne qu’était devenue madame Olleris.

Le portrait représentait une jeune fille frêle, blanche, rêveuse, éthérée, la mignonne Marthe d’autrefois. Mais quelque dix ans, par un miracle assez commun de l’horticulture matrimoniale, avaient fait de l’enfant charmante une femme superbe au teint doré, aux crins frisants