Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Bon ! je parie que Bargiban va séduire la suivante après la maîtresse. Un beau fait d’armes, en vérité !

— Pour qui me prenez-vous ? répondit Bargiban. Ce serait trop simple. En outre, je n’eus jamais goût aux intrigues ancillaires. Après cette déclaration de principes, permettez que je continue.

À quoi dus-je l’honneur d’être remarqué ? Pour quels motifs la nouvelle venue me préféra-t-elle aux autres ? Je l’ignore. Le fait est qu’elle me préféra, et que, deux mois durant, chaque fois que la fantaisie m’en prenait, c’est-à-dire presque tous les soirs, j’obtenais les clefs de l’appartement, modeste d’ailleurs, où ma belle était descendue.

On faillit se fâcher le premier jour. Avec la manie de noblesse qu’ont ces demoiselles, n’avait-elle pas imaginé de s’intituler Anne d’Autriche ? Anne d’Autriche, là ! tout simplement, pour commencer. Elle trouvait « Anne d’Autriche » joli et qu’un tel nom seyait à sa figure. J’eus toutes les peines du monde à la convaincre que le nom était un peu voyant. Elle pleura, elle résista ; puis céda, me voyant inflexible, et consentit à s’appeler Annette. Ce fut sa première preuve d’amour.

À part cela, un ciel sans nuages. D’une perversité inconsciente d’esclave avec la transparence d’âme d’une enfant, Annette