Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/159

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tout de suite me raconta son histoire, l’histoire banale, jamais vraie, et me laissa deviner ses ambitions.

Ses ambitions étaient énormes. Annette voulait conquérir Paris, devenir riche et enviée. Son séjour parmi nous n’était qu’un stage. Raison de plus pour en bien utiliser les heures.

Donc j’aimais Annette, Annette m’aimait ; et Claire, la suivante, préposée tout ensemble au service de la cuisine et de la chambre à coucher, Claire toujours riant, toujours active, mettait autour de nous une atmosphère de dévouement affectueux et de gaieté.

Je vous ai déjà dit combien Annette et Claire se ressemblaient. Un jour que j’en faisais la remarque devant Annette, elle rougit légèrement et répondit : « J’ai amené Claire de notre village, mon grand-père passait pour coureur, et nous pourrions bien, sans le savoir, être un peu cousines. »

L’explication était plausible. Mais une aussi extraordinaire ressemblance finit à la longue par me préoccuper. D’autant qu’à certains jours, surtout à certains soirs, il me semblait ne pas reconnaître Annette. C’était bien elle, mais avec je ne sais quoi de différent dans le geste et la voix, dans les mille riens de l’intimité. Et ces jours-là, par une hallucination singulière, je croyais reconnaître Annette sous