Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/190

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— Tâchons au moins, se dit Nazaire, d’employer ces deux heures utilement.

L’idée dominante d’un homme gris, et Nazaire, malgré les effets salutaires du grand air, restait gris un peu, est toujours de donner à soi-même et de donner aux autres une haute idée de sa sagesse.

Or, Nazaire n’était pas sans avoir ouï dire qu’aux Halles, le matin, à l’heure des criées, tout est d’un incroyable bon marché.

Nazaire résolut de mettre à profit l’occasion pour acheter, à l’intention de Caroline, quelque chose dont le bon marché l’étonnât.

Mais quoi ? des fleurs ? Il y en avait de reste à Mézy. Des salades ? des choux ? le potager en produisait tant et plus. Nazaire s’arrêta donc à l’idée de rapporter un pot-au-feu, mais un pot-au-feu superbe, gigantesque, dont l’arrivée seule couperait court aux reproches possibles de Caroline et que l’on mangerait le soir en s’extasiant sur le peu qu’il aurait coûté.

Inspiration d’autant plus lumineuse qu’à Mézy les communications sont difficiles et que le boucher, en fait de bœuf, ne tue guère que le samedi, parfois, quelque vieille vache racornie et sèche.

Une malice du hasard, pendant qu’il calculait ainsi, avait justement conduit Nazaire rue de Vauvilliers, devant le pavillon 5, où se vendent les viandes à la criée.