Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/200

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vivre ignorée et tranquille, quelque part, avec sa mère. Célénie, à coup sûr, se trouverait ainsi plus heureuse qu’avec cette situation fausse, dont la fausseté ne pouvait qu’aller s’aggravant.

— « Si tu consultais Célénie ? dans ton intérêt, dans le sien, elle-même te conseillerait… »

Mais Pierre ne se sentait pas le courage de consulter Célénie, étant de ces braves garçons, tout d’instinct, qui, en dehors de leur art, savent peu agir, et préfèrent, le gouvernail lâché, se laisser descendre au fil de la vie.

Et puis, en cherchant bien, n’aimait-il pas un peu Célénie ? Oh ! sans romanesque : simplement d’un de ces amours faits d’habitude, de douleurs et de joies communes, qui souvent ont les racines les plus profondes.

De sorte que, tout en remerciant les amitiés éclairées qui s’intéressaient si obligeamment au bonheur de son avenir, Pierre en lui-même se disait :

— « Je ne demandais pourtant rien à personne, nom d’un rat ! Pourquoi donc, en quête d’un gendre, ce marchand de cuirs vernis a-t-il songé à moi, et pourquoi sa demoiselle s’est-elle amourachée de ma barbe grise ? »

Enfin le sort en est jeté. Ses amis ont raison, Pierre se décide à faire le grand saut.

On vient d’avertir le futur beau père. Pierre, en l’honneur de qui cet excellent homme donne