Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/201

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ce soir un grand dîner, n’aura qu’à le prendre dans un coin du salon, au moment du café, et faire sa demande. Tout se trouve ainsi réglé pour le mieux.

Pierre cependant ne se sent pas en train. Son atelier lui paraît noir, ses œuvres insignifiantes la vue de Célénie, trottant au travers comme à l’ordinaire, éveille en lui une émotion sourde qui pourrait bien être le remords.

Pierre, afin de tuer le temps, s’en ira donc à la campagne. La campagne, ça rassérène, surtout en mars, l’hiver finissant, alors que les mousses se dorent et que quelques bourgeons commencent à pointer.

Mais où diantre ses pas l’ont-ils conduit ? Ce bois est plein de Célénie. Voici le sentier qu’elle aimait, l’étang où l’on pêchait la grenouille, la maisonnette sous les branches où l’on vécut seuls tous les deux.

Et pareils à ces essaims de petits papillons turquoise qui, l’été, voltigent autour d’un ruisseau, partout, devant ses yeux, s’élèvent frissonnantes les visions des heures heureuses.

Il rentra, de fort méchante humeur. Mais sa résolution était prise. Et c’est d’un ton brusque qu’il dit à Célénie :

— « Je dînerai en ville aujourd’hui ; prépare mon habit et ma chemise blanche… »

Ah ! certes ! Célénie la connaissait, cette phrase. Pierre la lui avait souvent dite. Car