Jean-de-Dieu, d’après la dame, a une vie des plus régulières. Tout à son art, à ses tableaux, se réveillant avec le coq et se couchant avant les poules… Presque toujours malade d’ailleurs et commettant des imprudences aussitôt qu’il se sent pour deux sous de force. — « Le médecin le disait hier encore : il y a beau temps qu’il serait mort si je n’étais pas là pour le soigner. »
L’abbé songe : elle ne sait rien, quel hypocrite que monsieur mon frère !
Et doucement, de sa voix de confessionnal, il raconte à la vieille dame stupéfaite que Jean-de-Dieu, à son âge, fait des folies. Qu’il a des maîtresses !… — « Des maîtresses ! — Une surtout qui fera sa perte si on ne vient à son secours. C’est Adalgise, la danseuse, dont le portrait est là, l’infernal portrait qui regarde. »
Mais la vieille dame s’est mise à rire :
— « Alors vous voulez que je conseille à Monsieur Jean-de-Dieu de fuir cette méchante femme ?
— Si vous obteniez cela, croyez que le ciel…
— Je le ferais certes volontiers, Monsieur l’abbé ; par malheur, c’est moi Adalgise. »
Et, malicieusement, esquissant une pirouette, elle ajouta :
— « Oui Adalgise, un peu changée. Pourtant rassurez-vous, monsieur l’abbé, il y a trente ans qu’Adalgise ne danse plus.