Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/24

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serré d’une mince cravate noire, de son corsage en gilet muni du gousset pour la montre, d’où sortait une chaîne d’or. Les autres semblaient lui obéir, sourire et parler pour elle. Sa voisine de droite, une boulotte, le pouce et l’index rougis comme par du henné, lui roulait et lui allumait, très émue de ce privilège, d’interminables cigarettes que délicatement, du bout de la langue, elle mouillait.

Tout à coup une bonne entra, conduisant par la main une fillette de cinq ans, frisée et rose.

— Camille ! voici Camille. Dis bonjour à maman, dis bonjour à marraine.

Marraine, c’était la grande brune ; maman, la boulotte aux cigarettes. Et Camille, sur ses petites jambes trébuchantes chaussées de bas rouges, courut à marraine, à maman. Du coup, en l’honneur de Camille, la partie se trouva interrompue.

— Comme elle est jolie !

— Et maligne.

— Un diable !

— Un amour !

Chacune voulait avoir Camille, se la passant de main en main, l’accablant de baisers, l’étourdissant de chatteries.

— Tiens, Camille, veux-tu fumer ?

— Veux-tu goûter à mon bock, Camille ?

On s’extasiait de voir que Camille buvait la