Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/23

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porte s’ouvrant laissait pénétrer un écho du bruit de la foule et des musiques. Le café était alors comme une de ces calanques abritées, aux flots transparents et bleus, où vient mourir dans un imperceptible frisson le tumulte de la mer démontée.

Il n’y avait là que des femmes très affairées, jouant au mistigris. À notre arrivée elles se retournèrent avec ce regard à la fois indifférent et haineux qu’on jette aux intrus ; puis elles parurent nous oublier, et la partie continua :

Ni jeunes ni vieilles, la plupart jolies. Par exemple un peu trop de bagues sur des mains vaguement canailles.

Les cheveux lustrés, et chez toutes, — comme si c’eût été quelque uniforme, — de cette couleur d’or fluide, obtenue au moyen de teintures. Les yeux peints, un teint pâle et mat, révélant des soins plus que journaliers.

Ces femmes buvaient de la bière et fumaient.

Au milieu, une grande brune, sans bagues aux doigts, sans brillants aux oreilles, trônait superbe avec des airs d’impératrice satisfaite. Dans sa tignasse lourde, insolemment nouée comme en un tour de main, quelques fils d’argent se montraient qu’on ne dissimulait pas. Les chairs évidemment lavées à l’eau froide et dédaigneuses d’un inutile fard, prenaient à la nuque, sur les bras, des carnations masculines, et masculine aussi était la coupe de son col droit