Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/249

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Vous rappelez-vous l’autre marchande de plaisirs, celle d’il y a quelque vingt ans ?

Dès mon arrivée sur la rive gauche, elle m’apparut comme la personnification effrayante et luxurieuse de vagues plaisirs ignorés. Que vendait-elle ? des oublies disait-on ; mais jamais ni moi ni mes camarades d’école nous n’osâmes hasarder un sou sur sa roulette mystérieuse. Gigantesque comme les deux sœurs dont parle Michelet — peut-être était-ce une cousine ? — qui, célèbres dans tous les bivouacs, à elles seules, sous les galeries de bois, tant que l’épopée impériale dura, portèrent l’amour de vingt armées, avec son insolente allure de courtisane devenue matrone, son regard ironique et lourd, sa voix vibrante à sonorité de clairon, quand elle passait par les rues annonçant : « Voilà le plaisir ! » les jeunes gens, au fond d’eux-mêmes, se sentaient vaguement troublés, et le visage des femmes, car alors on se fardait peu, devenait rose.

CELLE QUI ATTEND LE POTACHE

Cinq heures ! Grand brouhaha devant le lycée d’Harcourt.

Les classes ont rouvert hier, et c’est l’heure de la sortie des externes. Ils débordent et se bousculent, ayant encore dans les veines tout le soleil bu, tout l’oxygène respiré, toute la sève emmagasinée au grand air libre des vacances.