Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/262

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C’était dans une foire de village, village, d’ailleurs, assez voisin d’une grosse ville de garnison. Fatigué du grouillement des bestiaux et des hommes, les uns marchandés, les autres marchandant ; assourdi par la furieuse protestation des porcs méfiants que l’acquéreur entraîne, et le cri plaintif, presque enfantin, des jeunes chevreaux noirs et blancs que les bouchers emportent sous leurs bras, j’essayai de trouver un peu de repos pour mon oreille et pour mes yeux dans un endroit relativement paisible, le long du vieux rempart, vers les prés, où la permission de M. le Maire avait, selon l’immémorial usage, parqué les saltimbanques et les bohémiens.

Une demi-douzaine d’industries errantes : dentistes, débitants d’onguent souverain, somnambules, faiseurs de tours et montreurs de veaux phénomènes, chacun avec sa baraque peinturlurée, son enseigne voyante en façade, et, derrière, entre le cul de la voiture dételée et le rempart, une marmite en train de bouillir sur un trépied de cailloux, à la surveillance de quelque gamine effrontée déjà sous ses cheveux non peignés, d’un grand chien maigre, et d’un petit âne pelé qui tond l’herbe.

Midi sonnait, et les six parades, banque et contre-banque, menaient leur tapage. Mais le caprice du public paysan les dédaignait toutes, sauf une, où tenant de la main droite un cornet