Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/261

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des petits drapeaux à la main, sur une estrade ornée d’astragales ; malgré le non moins amusant costume des lutteuses, juste milieu fort bien compris participant du collant et de la tunique grecque ; malgré leur façon de ramasser le sable, de se donner la main et de s’étreindre dans des groupements imprévus, des poses alternativement harmonieuses ou convulsées, en personnes de bonne volonté qui ont étudié chez les maîtres ; malgré la finesse des jambes amincies et durcies par la gymnastique ; malgré le tatouage des bras marquant l’origine foraine et une aristocratie de purs enfants de la balle ; enfin, malgré l’enthousiasme du public spécial, les yeux cernés au crayon s’ouvrant tout grands, les petits nez roses palpitant à chaque péripétie, et le bruit sec des éventails cliquetant sur la paume des mains gantées pour fêter la victorieuse qui salue tandis que la vaincue se relève et fuit rougissante entre deux portants de coulisses ; — peut-être aurais-je laissé à un moins indigne le soin de vous parler de ces choses, si la lutte féminine des Folies-Bergère ne m’eût fait penser à une autre lutte qui n’était, celle-là, féminine qu’à moitié, et dont le souvenir, tandis que je m’en allais mélancoliquement sur le minuit, dans le tumulte de la sortie, à travers le tohu-bohu des fiacres en file et des flirtages, m’est soudain revenu, superbement héroï-comique.