Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/300

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seulement qu’elle était charmante, que ses parents, amis des miens, possédaient une maison de rapport à Paris et des vignes en Gascogne, et que l’union projetée eût comblé les vœux de mon tailleur.

Comme mon âme, à mesure que l’instant fatal approchait, s’emplissait de noire tristesse, et comme, sous prétexte de m’acclimater aux arides joies du ménage, je ne buvais plus, je ne riais plus, je ne chantais plus et n’aimais plus, un ami me voyant dépérir imagina de m’emmener aux champs. — « Voici longtemps que j’ai l’envie de goûter aux cerises de Montmorency, viens à Montmorency avec moi, nous pleurerons à deux ta virginité sur la montagne ! »

Nous arrivâmes à Montmorency, un dimanche. Il n’y restait plus de cerises, mais tout en haut, vers l’Ermitage, on dansait sous les châtaigniers. Un peu de vent soufflait, les cosses s’ouvraient pour laisser pleuvoir les marrons, et les marrons tombés occasionnaient parmi les groupes de danseurs de réjouissantes glissades.

Ce spectacle longuement contemplé, la rencontre au coin d’un petit bois d’un atelier de modistes en partie d’âne, poussant des cris, montrant des bas, et dont nous dûmes ramener dans le droit chemin les montures récalcitrantes, une promenade au creux d’un vallon vert où un peu d’eau chantait et qui, sentant l’herbe fraîche et les fleurs de haie, nous parut parfumé encore