Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/31

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avance guilleret, tandis que, inquiet et intéressé, je me demandais ce qu’un Bouillon-Duval à Lesbos pouvait bien être.

Rien de très singulier d’abord : un vestibule de maison bourgeoise avec une concierge avenante et polie ; un escalier pareil à tous les escaliers ; et, au troisième, une antichambre où une bonne non moins avenante et non moins polie que la concierge vint nous enlever nos pardessus.

Je remarquai seulement que cette bonne, de deux pieds plus haute que moi, avait des diamants aux doigts, une voix d’ancien militaire, et que, sans doute pour nous mettre à l’aise, tout de suite elle nous tutoya.

De plus un parfum nous arrivait qu’aujourd’hui j’hésiterais peu à qualifier de « troublant », mais alors le mot n’était pas inventé encore ! parfum combiné de cuisine, de tabac d’Orient et de poudre de riz. La complexité de ce mélange s’expliqua quand, une porte enfin ouverte, nous montra, autour du dîner qu’on servait, une vingtaine de femmes assises dont plusieurs s’amusaient entre les plats à griller d’énormes cigarettes.

Comme mon ami Charles s’attardait en causeries avec la bonne et ne se pressait pas d’entrer, j’eus quelques secondes le loisir de considérer l’assemblée.

Des femmes de tous les âges, j’allais dire de