Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/314

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Promenade charmante : nul buisson ne griffe la robe, et même, un hanneton étourdi étant venu s’empêtrer les pattes dans les cheveux de la bien-aimée, on pardonna au hanneton. La bien-aimée cependant manquait d’enthousiasme en présence de la belle nature. Elle semblait préoccupée, poursuivant une vague idée fixe que je ne pénétrais pas. Ainsi, elle ne voulut jamais déjeuner sous bois dans un cabaret à tonnelles de ma connaissance ; et nous dûmes descendre, malgré la chaleur de midi, par les pentes crayeuses des Moulineaux jusqu’à Billancourt qu’arrose la Seine. — « Je veux une table au bord de l’eau, et manger une matelote ! » D’où venait ce goût subit de la matelote, mets qu’elle exécrait jusque-là ? Au dessert, les choses s’expliquèrent. — « Tu dois être content ! tu vois que je suis sage et que j’aime la campagne ; seulement, avant de partir, il faudra que tu demandes la peau de l’anguille au restaurateur. — « Et que vas-tu faire de cette peau d’anguille ? » Alors, avec une flamme sombre dans les yeux : — « C’est afin de la mettre sous l’armoire à glace de Clara, de ta Clara ! J’ai promis pour cela cinq francs à sa bonne ». Cette Clara, qu’on n’avait d’ailleurs aucun motif d’appeler ma Clara, était, vous le devinez, l’ennemie, ou, pour mieux dire, une amie à qui on en voulait. Or, il paraît qu’une fois la fatale peau d’anguille introduite chez elle, tous les fléaux connus