Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/315

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allaient grêler sur la malheureuse. Ce genre naïf d’envoûtement, dont j’eus la lâcheté de me faire complice, était alors fort en honneur (peut-être l’est-il encore !) entre Montparnasse et Montmartre. C’est du moins ce que m’affirma le restaurateur, brave homme à qui nous payâmes sa peau d’anguille trente sous, l’article, disait-il, étant fort recherché des Parisiennes.

Qu’êtes-vous devenue, ô mademoiselle Claudine, aimable et fantasque personne qui voulûtes une autre fois nous faire cueillir les violettes en plein hiver ? L’an dernier je crus vous reconnaître, grande, grasse, l’air grave, avec une allure de Cérès. Mais votre œil toujours volontaire et clair ne daigna pas s’arrêter sur moi, et, craignant de m’être trompé, sottement, j’osai à peine esquisser un vague salut.

Ce n’est certes pas à Cérès que vous ressembliez au temps de la belle jeunesse. Blanche, mince, les cheveux fous, on vous aurait plutôt comparée à quelque dryade, la dryade d’un svelte bouleau et vos caprices, quoique Parisienne, étaient bien de ceux qui conviennent aux divinités bocagères.

Nous étions trois à vous aimer, épris solidement, mais ne l’avouant pas cela vous faisait trois esclaves.

Un dimanche de fin janvier, l’envie vous prit d’aller aux champs.