Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/316

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— « Mais, Claudine, ce projet est fou ! Il y a de la neige au bord des toits et les arbres du Luxembourg sont encore tout blancs de gelée.

— Pas du tout, il fait beau soleil, je veux courir dans l’herbe et cueillir la violette.

— « Mais, Claudine, consultez l’almanach ; nulle part l’herbe n’a verdi, et les violettes frileuses n’oseraient pas pousser la porte des petites maisons bien closes où elles s’enferment l’hiver.

— Partons toujours, j’ai mon idée ! »

Et nous voilà courant les bois, transis, nos collets relevés, mais chantant, pour nous donner du cœur et créer autant que possible l’illusion, une chanson de Fernand Desnoyers alors à la mode :

Dans la forêt tranquille
Des rayons printaniers
Tachètent d’or mobile
La mousse des sentiers…

Le soleil, un soleil en avance de deux bons mois, s’allongeait bien en barres d’or à travers les ramures dépouillées ; mais la mousse des sentiers craquait sous nos pas, raidie par le givre des vitres minces, fleuries de dessins, couvraient l’eau stagnante des fossés ; et parmi les iris, les joncs noircis par la gelée, des stalactites de cristal pendaient aux cascatelles minuscules d’un ruisseau dont nous suivions