Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nommèrent eux-mêmes capitaines ; et l’autre, à se reposer de ces rafraîchissantes fatigues dans un café, luxueux modérément, qui, de sa terrasse, domine la rive.

Elle est plaisante, cette terrasse. Le paysage qu’on découvre de là, un peu suburbain malgré l’horizon des lointaines collines, avec son mélange de bouquets d’arbres et de cheminées d’usines, la Seine lente, où se croisent les lourds chalands à la remorque, et le triangle blanc des voiliers, se rattrape en modernité de ce qu’il perd en grâce rustique.

Le grand pont de fer, toutes les dix minutes, tressaute avec un sourd ébranlement. C’est un train qui roule, Paris qui passe. Mais l’Ogre, du premier élan, atteint la mer : Trouville ou Dieppe. Et, riant des bottes de sept lieues, avec une joie peureuse de Petit-Poucet, on se tapit, n’étant point vus, dans l’intervalle des enjambées.

L’endroit pourrait passer, en somme, pour une deuxième édition revue et corrigée et considérablement augmentée du Paradis Terrestre, sans la nuée de quémandeurs plus ou moins virtuoses qui, assurés de trouver là des âmes sensibles, ont fini par élire domicile dans le pays.

Ces mendiants d’ailleurs sont en général, par suite de l’influence du milieu, d’une indépendance d’esprit volontiers originale ; de sorte