Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/342

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mi-corps, la figure aquatique et vénérable sous sa grande mitre d’écailles, et apaisant les flots en courroux d’une bénédiction de sa nageoire droite tandis que sa nageoire gauche porte la crosse faite d’un bizarre corail. Car le bon Rondelet, tout en cataloguant avec beaucoup de pittoresque et une exactitude scientifique, étonnante pour le siècle où il vivait, les habitants des mers qui existent réellement, ne dédaignait pas à l’occasion de décrire, en termes il est vrai dubitatifs et ironiques, un certain nombre d’êtres fabuleux tels que ces Sirènes et Évêques dont la réalité, malheureusement, ne fut jamais bien constatée.

Voici néanmoins ce que disait, à propos des sirènes, la note en question rédigée dans un latin pompeux et soigneusement calligraphiée par quelque contemporain ami du merveilleux qui désirait compléter sur la matière les renseignements un peu succincts de l’ichtyologue languedocien. Nous nous contentons de la traduire, aussi fidèlement du moins qu’on peut le faire, de souvenir, et sans avoir le texte précis sous les yeux.

— Des moines qui vivent en cultivant de leurs mains un îlot rocheux, non loin des côtes, me racontèrent comme aventure véridique qu’un certain automne les courants avaient poussé, sur les récifs dont le couvent est enserré, une grande barque à l’abandon au-dessus de laquelle