Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/6

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nuyaient. — « Lâche-les en Durance… » lui dis-je. — Non ! c’est leur étang qu’il leur faut ; partout ailleurs elles s’estimeraient exilées. Il est si joli cet étang un trou d’eau tout bleu et tout vert à cause des reflets du ciel et des grands iris qui s’y mirent. Sous la berge, le temps a creusé un tas de retraites moussues ; c’est là que mes grenouilles étaient heureuses, c’est là qu’elles retrouveront le bonheur ! Toute une après-midi, par des chemins perdus, nous cherchâmes l’étang dont Estevanet ne se rappelait plus la place, et que nous redécouvrîmes enfin à l’heure où le soleil se couchait. Par exemple, la récompense fut douce ; déjà loin de l’étang, doublant le pas pour rentrer à l’heure, nous entendions encore les grenouilles reconnaissantes chanter.

Très discret, un peu sauvage même et n’ouvrant guère, par crainte des railleries, le trésor de sa délicate sensibilité, Estevanet à ses moments perdus cultivait la guimbarde, un instrument dont la tradition se perd malheureusement, car c’était un instrument à souhait pour les natures timides comme la sienne et jalousement renfermées. La guimbarde — vous le savez peut-être —