Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/7

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consiste en une minuscule lyre d’acier munie, au milieu, d’une languette. La façon d’en user est simple : on serre la lyre entre les dents, et on fait vibrer la languette du bout du doigt. Chacun peut ainsi, à la condition d’aspirer le son fortement, se jouer dans le creux du ventre, les plus adorables musiques. Le public, d’ailleurs, n’entend rien, et seul le virtuose a le bénéfice de son génie, ce qui est le comble de l’Art pour l’Art… Dans nos courses à travers la campagne, Estevanet portait toujours sa guimbarde sur lui. Il s’asseyait au pied d’un arbre, préludait. Et moi, admirant de confiance, je me figurais d’après le jeu de sa physionomie, tour à tour souriante ou extatique, les mélodies intérieures dont il se régalait solitairement.

Une sympathie nous liait, étant tous les deux amoureux !

Moi d’abord… mais peu vous importe de savoir pour qui je pleurais à douze ans.

Lui — toujours épris d’irréel — avait fini par découvrir dans le recueil des contes de fées un digne objet à ses amours. Il m’en fit un jour la confidence. Ce n’était (je vous le donne en mille !) ni la fillette au chaperon rouge, trop jeune quand le loup la mangea ;