Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/64

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peau embroussaillé d’étonnantes fleurs, et ce sourire voulait dire : « Après tout, pour une modiste, ma nièce a de belles relations. »

La tante et la nièce durent aller aux courses… L’après-midi, je perdis leurs traces, et je passai mon temps, philosophiquement, sur les bords d’un petit lac moussu, à émietter du pain aux canards.

J’avais précisément pour ce jour-là, vers les cinq heures, rendez-vous avec un ami, dans un cabaret aux abords du Bois, que tous les Parisiens connaissent.

Il y règne sous les arbres une fraîcheur agréable, et le décor, fait de kiosques dressés au milieu de vertes pelouses, est d’une suffisante rusticité.

Nous nous apprêtions donc à boire une boisson glacée en attendant qu’un groupe de musiciens au teint de mulâtres, vêtus de costumes d’hospodars, nous fissent oublier les platitudes de l’existence par quelque symphonie de leur répertoire exotique, quand j’aperçus Manon et la tante installées déjà devant une table voisine de la nôtre.

C’était le moment de l’affluence.

À chaque minute, des promeneurs arrivaient, les uns à cheval, très raides, tirant gloire de leurs reins cambrés ; d’autres en voiture avec des dames, parfois des amies de Manon. Et tous, seuls ou par groupes, s’asseyaient aux