Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/66

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son austérité s’était fondue, une flamme luisait dans ses yeux que décidément elle avait beaux.

Elle contemplait les cavaliers, les amazones, s’étonnant de voir un chasseur chaussé de souliers en drap mou pareils à ceux que portent les prêtres, s’empresser, pour abaisser le marchepied, au devant des petites dames à bas rouges.

Un moment, fort émue, elle poussa le coude de Manon. Un cheval venait de s’oublier sur le gravier de l’allée, et le jardinier arrivait pour enlever le corps du délit à l’aide d’une pelle et d’un petit balai. Ce n’est rien que cela ! mais le cheval avait si grand air en s’oubliant ; le jardinier, pour remplir sa fonction, affectait une allure si pénétrée et si révérencieuse ; que la tante, subitement, venait d’avoir la vision et le sentiment d’une existence supérieure auprès de laquelle, par comparaison, ses vingt ans de vie en province lui faisaient l’effet d’un lointain rêve.