Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parti, fières au fond, en tant que personnes établies et commercialement honorables, de pouvoir montrer un vrai père à la troupe de petites mal coiffées qui servaient des bocks sous leur direction.

Car les trois sœurs étaient, en effet, très réellement patronnes du café peuplé d’étudiants et de futurs artistes où un retour d’amour paternel venait de conduire le vieux Cochevis. Mises à mal, chacune à ses seize ans sonnés, par un gentilhomme de campagne, elles s’étaient, l’une après l’autre, réfugiées à Paris. Et, la fortune souriant, un vent favorable poussant leur barque frétée pour Cythère, elles avaient fini par aborder dans cette anse paisible, aux flots de limonade, qui est sur la Rive Gauche le rêve secret, la demi-réhabilitation vaguement désirée de toute fillette folle de son corps.

Trois bons jeunes hommes, à qui les trois sœurs gardaient depuis une fidélité flatteuse, quoique relative, avaient fourni les premiers fonds en manière de commandite.

Cependant, l’heure du repas approchant, on installa le père Cochevis, lui septième, à la table où d’ordinaire dînaient ses trois filles et les trois amis de la maison.

Réjoui par l’odeur des plats et flatté de se voir en si honnête compagnie, le vieux Cochevis se laissa faire. Il figurait à merveille d’ailleurs, le vieux Cochevis, au milieu de ses filles et de