Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/78

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senter une nymphe blonde couchée dans l’herbe près d’une roche et le torse nu se détachant sur un lambeau d’azur encadré de frondaisons rougies par l’automne.

Le dessin m’en parut quelconque, mais le ton me stupéfia. Une explosion de gaz chez un marchand de couleurs projetant au plafond les laques, les carmins, les outremers, les ocres et les ors de ses tubes aurait peine à produire quelque chose d’aussi réussi comme aveuglante éclaboussure.

Si le tableau était surprenant, le discours de la soubrette fut plus surprenant encore :

— Monsieur, dit-elle, je vous ramène votre Diaz. Madame Sylvine ne se décide pas. Elle irait bien jusqu’à trois francs, mais elle le trouve un peu cher à trois francs soixante.

Marc-Aurèle avait bondi. Déjà il tenait le tableau.

— Vous avez dit trois francs soixante ? mais c’est trois cent soixante francs, malheureuse ! Trois cent soixante francs qu’indique le prix marqué.

Et, secoué d’indignation, haletant, aphone, il nous montrait en effet 360 francs en chiffre sur un bout de papier collé au cadre ; seulement, ainsi que nous lui fîmes observer, le 3 se trouvait un peu séparé du 6, ce qui, dans une certaine mesure, expliquait sans l’excuser l’erreur de madame Sylvine.