Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et maintenant, Roberte Lureau vient, en attendant mieux, de louer, rue Demours, un délicieux petit hôtel, épave recueillie dans le naufrage d’un malheureux peintre qui, achevant à peine de le bâtir et comptant sur ses toiles pour le payer, cessa tout à coup d’avoir du génie.

Deux étages, pas plus ! et juste ce qu’il faut d’office et d’écurie pour une personne de goût.

Roberte possède, en outre, au Cap d’Antibes une manière de villa tapie dans les myrtes comme un nid, avec sa terrasse d’où s’aperçoivent en plein été les Alpes neigeuses et son embarcadère à degrés de marbre où le va-et-vient du flot clair heurte lentement, mollement une mignonne barque amarrée : ermitage à souhait pour se reposer des durs labeurs parisiens dans les joies de la pêche aux oursins et la contemplation des choses éternelles, mais pas trop éloigné cependant de Cannes et de Monte-Carlo.

Or, il fut un temps où Béberte, comme l’appelaient familièrement les gamins de la rue des Amandiers à Belleville, se trouvait être aussi pauvre que Cendrillon. Plus pauvre même, incomparablement plus pauvre ; car au misérable logis que la mère venait de déserter, emmenant Fred le petit frère, et où le père, autrefois rude travailleur mais détraqué par les chagrins, ne rentrait guère qu’à la nuit, le plus