Page:Arétin - La Puttana errante, 1776.djvu/58

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Peixotte arrive un matin chez la Dervieux où aucun des trois tenans ne se trouvoit. Il offre cent louis si l’on veut dévoiler tous ses appas ; on les accepte, on se déshabille en folâtrant, et le vieux satyre, après quelques éloges très succincts sur une gorge et des charmes plus secrets qui méritoient des autels, s’extasie sur une chûte de reins admirable ; il admire, il touche, il palpe, il caresse, il se met à genoux devant des fesses qui le disputoient à celles de Venus Callipige ; lunettes sur le nez, représentez-vous l’infâme en délire et portant un doigt profane… — « Ah, monsieur ! retirez-vous, je n’en suis pas ! » — « Ma belle enfant, je te donnerai ce que voudras, laisse-moi un instant. » Il s’enhardit, elle se fâche, sourit, et il s’en va avec la promesse de revenir.

Le soir, la Dervieux conte à la T… son aventure et conclut par dire qu’elle ne veut plus le voir de même. « Tu es une sotte ! tire moi plutôt parti de ce goût hétéroclite. » — « Comment ! tu voudrais… ? » — « Repose toi sur moi et donne rendez-vous à ce vieux coquin. » — « Mais… s’il alloit vouloir assouvir sa fantaisie ? » — « J’entends, sois tranquille, je veillerai avec notre ami. »

Rendez-vous donné, et cent autres louis apportés et reçus, Peixotte demande pour toute grâce qu’on lui laisse placer entre ces belles fesses qu’il idolâtre, un petit étui de nacre de perle très-mignon et très-joli.