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ÉTUDE SUR P. ARÉTIN.

De convoler une seconde fois ;
Du seul plaisir elle suivit les lois.
Elle brillait de santé, de jeunesse ;
Des sens actifs la tourmentaient sans cesse ;
Beaucoup l’aimaient, nul n’y perdait son temps.
À tous leurs vœux elle savait suffire,
Tant et si bien que tous étaient contents ;
Enfin l’amour n’avait dans son empire
Plus ferme appui ni tendron plus fêté[1].

La comtesse Amélie (tel était son nom) se rend à Rome et s’adresse à César Borgia,

Bâtard du pape et digne de son père,
Soldat et prêtre, ambitieux vaurien,
Celui qui fit assassiner son frère,
Autre bâtard du pontife chrétien,
Comme il sortait un soir de chez Lucrèce,
De tous les deux la sœur et la maîtresse[2].

L’énergique Allemande démontre à cet homme de bien que ses réclamations sont fondées.

  1. Certes, ces vers valent bien mieux que ceux de Casti, qui se borne sans délicatesse à dire qu’il y avait une :

    Donna in Germania di lussuria tale
    Che appresso a lei potrebbe facilmente
    Messalina parere una Vestale.

  2. « Mentre soletto usciva dal bordello. » (Casti.) Nous n’avons pas besoin de dire qu’il s’agit de cette fameuse Lucrèce Borgia à l’égard de laquelle l’auteur d’un autre poëme badin a dit avec raison :

    Mais nul jamais n’a violé celle-ci ;
    À Tarquin même elle eût dit : Grand merci !