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Page:Arétin - Sept Petites Nouvelles, 1861, trad. Philomneste.djvu/87

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SEPT NOUVELLES D’ARÉTIN

de Bighino, qui logeait chez lui, entendant ce fracas, accourt, s’interpose, les engage à se calmer, tandis qu’on le met au fait de la chose. Chacun maintenait son dire : « Ce n’est pas à cause de la perte que je fais que je suis en colère, disait Bighino, je me soucie très-peu de l’argent ; mais c’est que le trait est vilain, et cela me courrouce. — Je ne suis point une voleuse, répondait la dame, et je ne vous ai rien pris ; mais vous me payerez ce que vous venez de faire. » Le gentilhomme avait en sa main le ducat qu’il avait ramassé lorsque Trotti l’avait laissé choir ; quand il jugea que la farce avait duré assez longtemps, il dit aux combattants qu’il pouvait les mettre d’accord, et, leur recommandant de fermer les yeux, il murmura des paroles qui paraissaient magiques ; il jeta ensuite en l’air l’écu, qui tomba avec fracas aux pieds de Bighino. Grand fut l’étonnement de chacun ; mais l’explication fut bientôt donnée, et ce fut au tour de la donzelle de se montrer irritée. Elle ne voulait pas entendre Trotti, qui lui demandait mille pardons et qui lui faisait les plus belles promesses ; elle se montra longtemps implacable, et pour que la paix fût rétablie, il fallut seize aunes de satin vert.