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SUR LE JEU ET LES JOUEURS.

TROISIÈME NOUVELLE.


Un certain niais, se rendant à Lorette pour accomplir un vœu et portant avec lui vingt ducats et un cierge, est rencontré en chemin par un fripon qui lui gagne son argent au jeu, et, la nuit étant venue, il est obligé d’allumer son cierge pour avoir de la lumière.


Il n’y a pas longtemps qu’un jeune homme s’en alla à Lorette, portant vingt ducats et un cierge de cire blanche du poids de douze livres et parsemé de morceaux d’encens. Ce pauvre pèlerin avait fait vœu non-seulement de faire la route à pied, mais encore de porter son cierge sur ses épaules. Il cheminait lentement et tristement, lorsqu’il fut rejoint par un filou qui lui proposa de lui tenir compagnie, et, après des salutations mutuelles, lui offrit de porter le cierge pendant un moment. On était au mois de juin, et la chaleur obligea bientôt les voyageurs à s’arrêter dans la chaumière d’un paysan qui avait chez lui de très-bon vin. La liqueur brillante qu’il leur offrit fut de leur goût et ils s’assirent pour la déguster à l’aise. Les cigales chantaient, les eaux d’un ruisseau au bord duquel s’élevait la chaumière murmuraient, un vent doux agitait avec mollesse les feuilles des arbres. Après avoir dormi un moment, le fripon tira un paquet de cartes et proposa une partie, pour employer le temps, en disant :