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Page:Arétin - Sept Petites Nouvelles, 1861, trad. Philomneste.djvu/93

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SEPT NOUVELLES D’ARÉTIN

tin qui se fit entendre sur la personne du baron attira tous les regards vers lui ; on ne savait que penser, et l’horloge continuait de sonner. Le pauvre homme, accablé de honte et d’effroi, avait le visage à la fois livide et enflammé. Les courtisans, revenus de leur surprise, riaient d’autant mieux que le roi, à force de rire lui-même, ne pouvait parler. Le Français, se jetant à genoux, s’écria : « Sire, les aiguillons de la passion du jeu sont si puissants qu’ils conduisent aux actions les plus viles. » Mais le roi lui coupa la parole en disant : « Seigneur, le plaisir que nous avons éprouvé compense et au delà le tort que vous avez fait ; l’horloge est à vous. »



SIXIÈME NOUVELLE.


Un individu ayant une aversion prononcée pour les hommes à cheveux rouges est l’objet d’un tour ingénieux joué par un aubergiste de cette couleur.


Un particulier éprouvait une extrême répugnance pour les individus à cheveux rouges, et ne voulait avoir aucun rapport avec eux dans le cours de sa vie. Il advint qu’il se trouva dans le cas de faire un voyage dans le cœur du mois de janvier ; il partit avec trois compagnons, deux allant à pied et un à cheval, et, comme il arrive souvent, ils furent surpris par la nuit sur