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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/326

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les recueils de chiffres un peu volumineux, la marine britannique, depuis la plus petite chaloupe jusqu’au colossal vaisseau à trois ponts, trompée par le chiffre inexact, allait s’engloutir en masse au fond de l’Océan, etc.

On a prétendu que le principal promoteur de ces folles exagérations n’aperçut tant de graves erreurs dans le Nautical Almanac, qu’après avoir inutilement tenté de se faire agréger au Bureau des longitudes. J’ignore si le fait est exact. En tout cas je ne saurais me rendre l’écho des malicieux commentaires auxquels il donna naissance ; je ne dois pas oublier, en effet, que depuis plusieurs années, le membre de la Société royale dont on a voulu parler, consacre noblement une partie de sa brillante fortune à l’avancement des sciences. Cet astronome recommandable, comme tous les savants dont les pensées sont concentrées sur un seul objet, a eu le tort, que je ne prétends pas excuser, de mesurer au travers d’un verre grossissant l’importance des projets qu’il avait conçus ; mais ce qu’il faut surtout lui reprocher, c’est de n’avoir pas prévu que les hyperboles de sa polémique seraient prises au sérieux ; c’est d’avoir oublié que, à toutes les époques et dans tous les pays, il existe un grand nombre d’individus qui, inconsolables de leur nullité, saisissent comme une proie toutes les occasions de scandale, et sous le masque du bien public, deviennent avec délices les ignobles zoïles de ceux de leurs contemporains dont la renommée a proclamé le succès. À Rome, celui qu’on chargeait d’insulter au triomphateur était du moins un esclave ; à Londres, c’est d’un membre de la Chambre des communes que des savants illustres recevront un cruel