Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/432

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vapeur d’eau peut acquérir une puissance mécanique prodigieuse. Ils expliquaient déjà, à l’aide de la vaporisation subite d’une certaine masse de ce liquide, les effroyables tremblements de terre qui, en quelques secondes, lancent l’Océan hors de ses limites naturelles ; qui renversent jusque dans leurs fondements les monuments les plus solides de l’industrie humaine ; qui créent subitement, au milieu des mers profondes, des écueils redoutables ; qui font surgir aussi de hautes montagnes au centre même des continents.

Quoi qu’on en ait dit, cette théorie des tremblements de terre ne suppose pas que les auteurs s’étaient livrés à des appréciations, à des expériences, à des mesures exactes. Personne n’ignore aujourd’hui qu’au moment où le métal incandescent pénètre dans les moules en terre ou en plâtre des fondeurs, il suffit que ces moules renferment quelques gouttes de liquide pour qu’il en résulte de dangereuses explosions. Malgré les progrès des sciences, les fondeurs modernes n’évitent pas toujours ces accidents : comment donc les anciens s’en seraient-ils entièrement garantis ? Pendant qu’ils coulaient des milliers de statues, splendides ornements des temples, des places publiques, des jardins, des habitations particulières d’Athènes et de Rome, il dut arriver des malheurs ; les hommes de l’art en trouvèrent la cause immédiate ; les philosophes, d’autre part, obéissant à l’esprit de généralisation qui était le trait caractéristique de leurs écoles, y virent des miniatures, de véritables images des éruptions de l’Etna.

Tout cela peut être vrai, sans avoir la moindre importance dans l’histoire qui nous occupe. Je n’ai même