l’orgueil bien légitime que ses succès nous inspireront ne sera pas sans mélange. Les titres de notre compatriote, nous ne les trouverons que dans des collections étrangères ; ses principaux ouvrages, il les publiera au delà du Rhin ; sa liberté sera menacée par la révocation de l’édit de Nantes ; c’est dans un douloureux exil qu’il jouira momentanément du bien dont les hommes d’étude sont le plus jaloux : la tranquillité d’esprit ! Hâtons-nous de jeter un voile sur ces déplorables résultats de nos discordes civiles ; oublions que le fanatisme s’attaqua aux opinions religieuses du physicien de Blois et rentrons dans la mécanique : à cet égard du moins l’orthodoxie de Papin n’a jamais été contestée.
Il y a dans toute machine deux choses à considérer : d’une part, le moteur ; de l’autre, le dispositif, plus ou moins compliqué de pièces fixes et mobiles, à l’aide duquel ce moteur transmet son action à la résistance. Au point où les connaissances mécaniques sont aujourd’hui parvenues, le succès d’une machine destinée à produire de très-grands effets dépend principalement de la nature du moteur, de la manière de l’appliquer, de ménager sa force. Aussi, est-ce à produire un moteur économique, susceptible de faire osciller sans cesse et avec une grande puissance le piston d’un large cylindre, que Papin a consacré sa vie. Emprunter ensuite aux oscillations du piston la force nécessaire pour faire tourner les meules d’un moulin à blé, les cylindres d’un laminoir, les roues à palettes d’un bateau à vapeur, les bobines d’une filature ; pour soulever le lourd marteau qui frappe à coups redoublés d’énormes loupes de fer incandescent, à leur sortie