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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/462

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tique : dans la seule mine de Chace-Water, où trois pompes étaient en action, les propriétaires trouvèrent de l’avantage à racheter les droits des inventeurs pour une somme annuelle de 60,000 francs. Ainsi, dans un seul établissement, la substitution du condenseur à l’injection intérieure avait procuré, en combustible, une économie de plus de 180,000 francs par an.

Les hommes se résignent volontiers à payer le loyer d’une maison, le prix d’un fermage. Cette bonne volonté les abandonne quand il s’agit d’une idée, quelque avantage, quelque profit qu’elle ait procuré. Des idées ! mais ne les conçoit-on pas sans fatigue et sans peine ? Qui prouve d’ailleurs qu’avec le temps elles ne seraient pas venues à tout le monde ? En ce genre, des jours, des mois, des années d’antériorité, ne sauraient donner droit à un privilége !

Ces opinions, dont je n’ai sans doute pas besoin de faire ici la critique, la routine leur avait presque donné l’autorité de la chose jugée. Les hommes de génie, les fabricants d’idées semblaient devoir rester étrangers aux jouissances matérielles ; il était naturel que leur histoire continuât à ressembler à une légende de martyrs !

Quoi qu’on vienne à penser de ces réflexions, il est certain que les mineurs de Cornouailles payaient d’année en année avec plus de répugnance la rente qu’ils devaient aux ingénieurs de Soho. Ils profitèrent des premières difficultés soulevées par des plagiaires, pour se prétendre déliés de tout engagement. La discussion était grave ; elle pouvait compromettre la position sociale de notre confrère : il lui donna donc toute son attention et devint