Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/501

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minutieuse de dates, prend le caractère d’une véritable démonstration. Toutefois, je ne me crois pas dispensé de parcourir rapidement diverses difficultés auxquelles de très-bons esprits m’ont paru attacher quelque importance.

Comment admettre, m’a-t-on dit, qu’au milieu d’un immense tourbillon d’affaires commerciales, que préoccupé d’une multitude de procès, qu’obligé de pourvoir, par des inventions de tous les jours, aux difficultés d’une fabrication naissante, Watt ait trouvé le temps de suivre pas à pas les progrès de la chimie, de faire de nouvelles expériences, de proposer des explications dont les maîtres de la science eux-mêmes ne se seraient pas avisés ?

Je ferai à cette difficulté une réponse courte, mais concluante : j’ai dans les mains la copie d’une active correspondance, relative principalement à des sujets de chimie, que Watt entretint, à dater de 1782, de 1783 et de 1784, avec Priestley, Black, Deluc, l’ingénieur Smeaton, Gilbert Hamilton ( de Glasgow ), et Fry ( de Bristol ).

Voici une objection qui semble plus spécieuse ; elle est née d’une connaissance approfondie du cœur humain.

La découverte de la composition de l’eau, marchant au moins de pair avec les admirables inventions dont la machine à vapeur offre la réunion, peut-on supposer que Watt ait consenti de gaieté de cœur, ou du moins sans en témoigner son déplaisir, à se voir dépouillé de l’honneur qu’elle devait éternellement faire rejaillir sur son nom ?

Ce raisonnement a le défaut de pécher complètement par sa base. Watt ne renonça jamais à la part qui lui revenait légitimement dans la découverte de la composi-