Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/531

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Comptons sur l’avenir. Un temps viendra où la science de la destruction s’inclinera devant les arts de la paix ; où le génie qui multiplie nos forces, qui crée de nouveaux produits, qui fait descendre l’aisance au milieu des masses, occupera dans l’estime générale des hommes la place que la raison, que le bon sens lui assignent dès aujourd’hui.

Alors Watt comparaîtra devant le grand jury des populations des deux mondes. Chacun le verra, aidé de sa machine à vapeur, pénétrer en quelques semaines dans les entrailles de la terre, à des profondeurs où, avant lui, on ne serait arrivé qu’après un siècle des plus pénibles travaux ; il y creusera de spacieuses galeries et les débarrassera, en quelques minutes, des immenses volumes d’eau qui les inondaient chaque jour ; il arrachera à un sol vierge les inépuisables richesses minérales que la nature y a déposées.

Joignant la délicatesse à la puissance, Watt tordra avec un égal succès les immenses torons du câble colossal sur lequel se cramponne le vaisseau de ligne au milieu des mers courroucées, et les filaments microscopiques de ces tulles, de ces dentelles aériennes qui occupent toujours une si large place dans les parures variées qu’enfante la mode.

Quelques oscillations de la même machine rendront à la culture de vastes marécages ; des contrées fertiles seront ainsi soustraites à l’action périodique et mortelle des miasmes qu’y développait la chaleur brûlante du soleil d’été.

Les grandes forces mécaniques qu’il fallait aller cher-