Aller au contenu

Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/655

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sont perdues pour les nouveaux chefs de l’État. Ils cherchent à surprendre notre adhésion en nous affirmant que Napoléon vient d’abdiquer, et aujourd’hui ils nous disent le contraire. Après nous avoir donné un tyran au lieu de l’anarchie, ils mettent l’anarchie à la place du tyran. Quand verrons-nous la fin de ces cruelles oscillations ? Paris ne jouit que d’un calme momentané ; calme perfide qui nous présage les plus horribles tempêtes. Ô jours d’affliction et de flétrissure, heureux sont ceux qui ne vous ont pas vus ! »


Les sentiments que Carnot avait su inspirer à la population d’Anvers sont connus du monde entier. Je ne puis résister cependant au plaisir de citer au moins quelques mots d’une lettre qui lui fut remise le jour où il partit pour Paris, après en avoir reçu ordre du gouvernement des Bourbons de la branche aînée, remontée sur le trône. Les autorités et les habitants du faubourg de Borgerhout, dont la destruction avait été résolue, et qu’il crut pouvoir conserver sans nuire à la défense, lui disaient :

« Vous allez nous quitter ; nous en éprouvons un chagrin mortel ; nous voudrions vous posséder encore quelques minutes ; nous sollicitons cette grâce insigne avec la plus vive instance… Les habitants de Saint-Willebrord et de Borgerhout demandent, pour la personne qui sera chargée de les administrer, la permission de s’informer, une fois l’année, de la santé du général Carnot… Nous ne vous reverrons peut-être jamais. Si le général Carnot se faisait peindre un jour, et qu’il daignât faire faire pour nous un double du tableau… ce