Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 10.djvu/20

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Cette expérience de Mariotte a été reproduite depuis par l’abbé Mazéas, qui probablement n’en avait pas connaissance, dans un Mémoire qui d’abord fut imprimé dans le Recueil de l’académie de Berlin, année 1774, et ensuite avec quelques additions dans le xe volume des Savants étrangers.

Le tome suivant du même recueil renferme des recherches de M. Dutour, spécialement relatives aux expériences de Mazéas, et quelques observations qui lui appartiennent. Au lieu d’exposer ses deux verres superposés à l’air libre, cet auteur eut l’idée de ne les éclairer qu’avec un mince filet de lumière qui les rencontrait sous une inclinaison déterminée par la position qu’on donnait, dans


    réfrangibilité des rayons diversement colorés, et surtout qu’il ait imaginé la détruire par une épreuve dont l’imperfection est évidente ; mais au reste, sous d’autres rapports, cet ouvrage est loin de mériter l’oubli dans lequel il paraît être resté. À la page 288, par exemple, on trouve un des résultats les plus curieux de la physique moderne et dont on fait ordinairement honneur à Scheele : je veux parler de la singulière distinction qu’il faut établir entre le calorique qui émane des corps terrestres et celui qui accompagne la lumière solaire. Mariotte montre en effet, par une expérience très-simple, que le premier est presque entièrement absorbé en traversant un verre diaphane, tandis que le second n’éprouve, dans les mêmes circonstances, qu’une diminution très-petite et proportionnelle à la quantité de lumière qui est réfléchie par les faces d’entrée et de sortie.

    Le même ouvrage renferme l’explication la plus naturelle qu’on ait encore donnée de ces larges couronnes qui, dans certaines circonstances, entourent le Soleil et la Lune, et la première description que j’aie rencontrée des arcs secondaires de diverses nuances qui accompagnent l’arc-en-ciel intérieur. Les Mémoires de Langwith et de Pemberton, qui sont seuls cités à cette occasion dans les ouvrages d’optique, n’ont paru que quarante ans après celui de Mariotte.