Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/602

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actuellement sont privées des droits politiques viennent les réclamer.

On vous dit que les esprits les plus ardents n’ont jamais conçu des réformes aussi étendues que celle dont il est question.

Messieurs, c’est oublier l’histoire.

Le corps électoral, pour les députés du tiers aux États Généraux en 1614, se composait de tous les hommes majeurs, domiciliés et inscrits au rôle des contributions. Les éligibles ne furent pas astreints à d’autres conditions.

L’Assemblée des notables, en 1788, avait recommandé le mode d’élection de 1614. Enfin, ceux qui disent qu’on n’a rien proposé de pareil dans aucun autre pays, oublient qu’en 1780 le duc de Richemond porta un bill à la Chambre des lords, en Angleterre, dans lequel un droit aussi étendu que celui que réclament les pétitionnaires était hautement reconnu. Je citerai encore un nom illustre, un nom dont la grande réputation dans le monde politique ne sera niée par personne, le nom de Fox. Bans la même année 1780, Fox présidait à Westminster des meetings où la question de réforme était envisagée avec autant de largeur que par les pétitionnaires les plus exigeants. Si nous nous trompons, c’est donc en très-bonne compagnie.

J’arrive à la grande difficulté. On a dit que les citoyens en faveur desquels nous demandons le droit de suffrage, n’ont pas la capacité suffisante pour l’exercer. De quelle capacité entend-on parler ? Est-ce qu’on nous fait subir un examen ? Est-ce qu’on nous questionne sur Vattel, sur Puffendorf, sur Grotius, sur Montesquieu ? Permettez-moi de le remarquer, dans cette hypothèse les examinateurs