Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/70

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droit de s’inscrire en faux ; il faut que les dires contradictoires soient débattus avec une stricte justice, condition qui, sauf de très-rares exceptions, me paraît devoir entraîner le rejet de toute réclamation posthume.

Depuis quelques années les paquets cachetés, comme prétendu moyen de prise de possession des découvertes scientifiques, ont acquis tant de faveur que les archives de l’Académie des sciences menacent d’en être encombrées. Je dois faire remarquer qu’en thèse générale la priorité appartient incontestablement à celui qui le premier a livré ses observations au public. C’est à ce principe que se rallient tous ceux qui font autorité en matière de sciences. Un paquet cacheté ne peut servir qu’à conserver à celui qui le prend le droit de s’occuper d’un travail lors même qu’un autre viendrait publier des recherches sur le même sujet. Ne voit-on pas le danger qu’il y aurait sans cela à transformer en découvertes achevées quelques vagues aperçus donnés sous forme d’aphorismes et sans démonstration, lorsque la démonstration constitue souvent le vrai mérite d’un travail ? Il importe, dans l’intérêt des sciences, de ne pas décourager les esprits laborieux et sévères qui ne négligent rien pour imprimer à leurs œuvres le cachet de la certitude.

Lorsque deux ou même un plus grand nombre de personnes s’occupent, soit ensemble, soit successivement de la solution d’un problème d’un grand intérêt scientifique, il est souvent difficile à l’historien des sciences de dire à qui revient l’honneur de la découverte qui enrichit les connaissances humaines d’une vérité nouvelle. Quelques physiciens, en thèse générale, considèrent comme inven-