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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/69

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des travaux de leurs contemporains, ne manquent jamais de se jeter sur un filon, le lendemain même du jour où quelque heureux explorateur l’a découvert ; qui se montrent sans cesse aux croisées, à tous les étages des édifices en construction, dans l’espérance qu’on les en croira les architectes ou les propriétaires ? Le plus simple bon sens veut que pendant un temps limité, mais suffisamment étendu, une possession privilégiée, absolue, soit accordée aux inventeurs ; cette stricte justice leur a-t-elle jamais été refusée ? Si un homme déloyal va moissonner sur le champ qu’il n’a pas ensemencé, la réprobation générale est là pour le punir. Non, non ! il ne faut pas s’y tromper : en matière de découvertes, comme en toute autre chose, l’intérêt publie et l’intérêt privé bien entendu marchent toujours de compagnie.

J’ai parlé de publications. J’appelle ainsi toute lecture académique, toute leçon faite devant un nombreux auditoire, toute reproduction de la pensée par la presse. Les communications privées n’ont pas l’authenticité nécessaire. Les certificats d’amis sont sans valeur, l’amitié manque souvent de lumières et se laisse fasciner.

En rappelant des principes dont l’historien des sciences ne saurait assez se pénétrer, je n’ai pas entendu, Dieu m’en garde ! venir en aide à ces écouteurs aux portes qui, chaque jour, confient à la presse le secret dont ils sont parvenus à se saisir, à s’emparer la veille. Dérober une pensée est à mes yeux un crime encore plus impardonnable que de dérober de l’argent ou de l’or. Un titre imprimé peut donc être soumis aux mêmes vérifications qu’un billet de banque. Il faut que les intéressés aient le