Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/704

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Naguère, en racontant mon aventure à un ami qui a occupé un poste important dans le ministère anglais, je fus conduit à lui demander quel était annuellement le nombre d’affaires que le ministère de l’intérieur avait à traiter avec les différents comtés. Je soupçonne, me dit-il, que vous avez le projet de faire usage de ce renseignement. (Vous voyez, Messieurs, qu’il n’avait pas tort.) Il faut donc que je vous réponde d’une manière certaine.

Le ministre de l’intérieur correspond avec l’Angleterre, le pays de Galles, l’Écosse et l’Irlande ; ses communications avec l’Angleterre peuvent donner lieu tous les ans à quarante lettres, avec l’Écosse à vingt, avec l’Irlande il y en a peut-être une trentaine : calculez le total. Voilà l’admirable simplicité de l’administration anglaise ; je n’attends pas, je n’espère pas un pareil résultat en France ; mais il faut du moins tendre à diminuer notre centralisation exagérée, excessive, et quelle meilleure occasion que les affaires de la nature de celles dont nous nous occupons aujourd’hui.

Mais, dira-t-on, ne voyez-vous pas qu’en livrant l’organisation des colléges communaux au libre arbitre des conseillers municipaux, il arrivera pour quelques-uns de ces colléges qu’on y supprimera le grec et le latin, ou que, dans tous les cas, ces deux langues y seront très-négligées.

Messieurs, ce serait peut-être un malheur ; mais je m’y résignerais sans un très-grand chagrin. Trente ans d’une vie académique m’ont mis en rapport avec la plupart des notabilités scientifiques et littéraires de notre temps. J’ai vécu avec beaucoup d’entre elles dans l’inti-