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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/714

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vient de vous proposer de revenir au système métrique des poids et mesures, tel que l’avait conçu la Convention, tel qu’il a été créé par l’Académie des sciences. Ainsi, vous voyez que le système avait été faussé par les préjugés ; oui, les écoles centrales ont disparu sous le coup des préjugés de l’empereur

Je suis fâché de rencontrer souvent sur le chemin de ma réfutation mon honorable ami, M. de Sade. Il nous a dit, dans une des dernières séances, et avec la sincérité qu’il apporte dans toutes ses opinions, dans tous ses discours, il nous a dit : « que les études scientifiques trop précoces, trop approfondies, faussent et rétrécissent l’esprit. »

On a ajouté qu’elles dessèchent le cœur, qu’elles énervent l’imagination. Faussent l’esprit ! J’avoue que l’assertion me parait singulière.

Jusqu’ici j’avais bien entendu parler d’une manière défavorable des études scientifiques, mais je n’avais jamais entendu dire qu’elles faussassent l’esprit, car on les considère généralement comme des cours de logique, sèche, aride, à l’on veut, mais comme des cours de logique. Je ne sais pas comment, en habituant l’esprit à raisonner, on arriverait à fausser le jugement, L’étude de la géométrie est évidemment un cours de logique. Dans tous les cas, je demande si le besoin de l’administration n’est pas plutôt de créer des hommes de sens, utiles au pays, que des hommes d’imagination. Oh ! ces imaginations qui peuvent ennoblir de grandes pensées, qui peuvent concourir à la gloire nationale, sauront bien se faire jour. Mais votre but est de créer des hommes utiles à eux-