Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/723

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tion des phares, serve aussi à prévenir de nombreux, de cruels naufrages ;

Que l’astronomie pénètre jusque dans les dernières régions de l’espace, non pas, si l’on veut, pour arriver à la formation de nouveaux mondes, non pas pour découvrir si les conditions de notre système solaire en assurent la durée indéfinie, mais afin de donner, s’il est possible, une nouvelle perfection a l’art nautique ;

Que la mécanique tire chaque jour un nouveau, un meilleur parti des forces naturelles, et arrache ainsi des millions de nos semblables à des travaux pénibles qui les assimilent à des brutes, détruisent leur santé, et les conduisent inévitablement à une mort prématurée ; qu’elle travaille sans cesse à améliorer, a simplifier, à alléger la machine à vapeur, l’une des plus belles, des plus étonnantes créations de l’esprit humain.

Et quand toutes ces améliorations seront réalisées, la science aura bien mérité du pays ; car, suivant la belle pensée de Bacon, « Knowledge is Power, le savoir, c’est de la force, de la puissance ; » et elle aura augmenté le bien-être de la population, non pas en appauvrissant les riches, mais en enrichissant les pauvres ; et elle aura répandu ses bienfaits sur ceux-là môme qui l’outrageaient ; et en contemplant ces beaux résultats un poëte (car les études scientifiques n’empêcheront pas qu’il n’y ait toujours des poëtes), un poëte pourra s’écrier, sans être taxé d’exagération :

Le dieu, poursuivant sa carrière,
versait des torrents de lumière
Sur ses nombreux blasphémateurs !