Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 13.djvu/201

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restera à comparer les propriétés calorifiques des diverses parties du disque solaire. Ce dernier problème l’a beaucoup occupé, ainsi qu’il résulte d’une Note présentée à l’Académie des sciences en 1852, et que j’ai placée dans l’Appendice sous le numéro xxxiii (pages 505 à 509).

L’idée d’obtenir des notions positives sur la constitution physique du Soleil par l’étude des propriétés intimes de la lumière qui en émane, me paraît incontestablement appartenir à mon vénéré maître. Voici comment il la formulait en 1840 dans une célèbre lettre adressée à son illustre ami M. de Humboldt, que j’ai insérée en tête du volume des Mélanges (tome XII des Œuvres, page 39) :

« À l’aide d’un polariscope de mon invention, je reconnus avant 1820 que la lumière de tous les corps terrestres incandescents, solides ou liquides, est de la lumière naturelle, tant qu’elle émane des corps sous des incidences perpendiculaires. La lumière, au contraire, qui sort de la surface incandescente sous un angle aigu, offre des marques manifestes de polarisation. Je ne m’arrête pas à te rappeler Ici comment je déduisis de ce fait la conséquence curieuse que la lumière ne s’engendre pas seulement à la surface des corps ; qu’une portion naît dans leur substance même, cette substance fût-elle du platine. J’ai seulement besoin de dire qu’en répétant la même série d’épreuves et avec les mêmes instruments sur la lumière que lance une substance enflammée, on ne lui trouve, sous quelque inclinaison que ce soit, aucun des caractères de la lumière polarisée ; que la lumière des gaz, prise à la sortie de la surface enflammée, est de la lumière naturelle, ce qui n’empêche pas qu’elle ne se polarise ensuite complètement, si on la soumet à des réflexions ou à des réfractions convenables. De là une méthode très-simple pour découvrir à quarante millions de lieues de distance la nature du Soleil. La lumière provenant du bord de cet astre, la lumière émanée de la matière solaire sous un angle aigu, et nous arrivant sans avoir éprouvé en route des réflexions ou réfractions sensibles, offre-t-elle des traces de polarisation, le Soleil est un corps solide ou liquide. S’il n’y a, au contraire, aucun indice de polarisation dans la lumière du bord, la